De São Luis à Fortaleza
Le Nordeste désigne la région Nord-Est du Brésil. Une région connue notamment pour son aridité. Nous avons parcouru une partie de son littoral, de São Luis à Fortaleza
São Luis
Arrivé en avion depuis Campo Grande, on débarque à São Luis, ville d’un million d’habitants, fondée par la France au début du XVIIe siècle
Pour ma part, j’arrive ici avec un coup de mou… Le manque de sommeil, les avions à répétition, la faim et (peut-être) le médoc contre la fièvre jaune me font le même effet qu’un lendemain de soirée arrosée. On sera donc peu actifs ce jour-là… Après une brève balade dans le centre historique, avec ses vieux bâtiments coloniaux en céramique, rappelant largement ceux de Lisbonne, on rentre à l’Hostel, une vieille bâtisse pleine de charme, pour s’accorder un peu de répit au bord de la piscine. On recommande d’ailleurs ce lieu : Reviver Hostel

On remonte ensuite dans la chambre pour une bonne sieste avant de planifier notre programme pour les prochains jours.
Malheureusement, le timing qu’on avait vaguement défini avant le départ du voyage était un peu juste… En effet, ayant déjà pris le vol suivant de Fortaleza à Salvador, on a 5 jours pour en faire l’équivalent de 7…
Au programme : Un tour dans les dunes du Lençois Maranhenses en passant par Barreirinhas, et un passage à Jericoacoara pour profiter de la jeunesse festive avant de rejoindre Fortaleza pour l’étape suivante. Comme ça, ça n’a pas l’air si long… Sauf qu’en voyageant « économiquement », les trajets sont longs, multiples, et difficiles à trouver. Il a fallu éplucher les blogs, les forums du Routard et de TripAdvisor pour lister les bus à prendre et trouver les horaires. Impossible de réserver en ligne, ni même de les voir apparaître. C’est comme si une mafia du transport privé faisait tout pour empêcher les touristes de passer par les bus ^^
En effet, il y a une méthode simple et rapide : le transfert privé en 4×4. Qui aurait coûté environ 4 fois le prix de ce qu’on a payé en bus. Tous les hotels et auberges en proposent, à des prix indécents…
Du coup, on choisit la méthode longue et complexe. En gros, pour aller de São Luis à Fortaleza en passant par le Lençois Maranhenses et Jericoacoara, il faut prendre pas moins de 6 bus et 4 tout-terrains, le tout sur plusieurs jours car les horaires ne s’enchaînent pas forcément et les compagnies diffèrent.
Après 4 heures de recherche sur internet, on a enfin un planning qui colle ! Tout est au millimètre, on n’a pas le droit à l’erreur. Si un bus est en retard ou si on le loupe, on ratera notre avion dans 5 jours. Ah et aussi, on dit aurevoir à la grasse-mat qu’on avait prévu depuis longtemps… Le prochain bus est à 7h15 le lendemain.
Malheureusement avec tout ça, on a raté les événements de rue de São Luis… On entendait dehors des chants, et une sorte de représentation théâtrale de rue. Mais c’était fini quand nous sommes enfin sortis de notre Hostel, affamés.
D’ailleurs, chose étrange, à 21 heures, il n’y avait plus un chat dans la rue. Tous les commerces et restaurants fermés, et seuls des joueurs de dominos et une prostituée ont croisé notre chemin dans les rues.
La seule chose qu’on ait trouvé, c’est un petit local vieillissant de 3m² au milieu d’une place, avec une femme et son mari en train de cuisiner. On s’y arrête, un peu flippés sur ce qu’on allait y trouver, et on demande s’ils servent encore. Oui, mais à emporter uniquement. Ok, on mangera confortablement près de la piscine à l’hostel dans ce cas, mais connaissant les quantités servies ici, on préfère n’en prendre qu’un. La « mama » (surnom qu’on donne à toutes les femmes qui ont passé la cinquantaine et qui tiennent un boui-boui alimentaire) nous sert un plat de viande marinée, riz, haricots noirs, pâtes, et sauce qui a l’air vraiment bon, et qu’elle emballe avec soin, pour 10R$. On part tester ce plat à l’hostel. Un régal ! On part se coucher le ventre plein et le stress d’un trajet où rien ne doit foirer.
Barreirinhas
Réveil à 6h pour prendre un premier bus vers Barreirinhas, ville très peu intéressante, servant uniquement de point central pour le Lençois Maranhenses. On trouve une auberge de jeunesse, un peu excentrée (10 minutes à pieds), l’aubergiste est adorable et dès notre arrivée nous optons pour un circuit vers la Laguna Bonita dans l’après-midi (il existe d’autres lagons tels que do Peixe et Azul)
Ce parc National, d’une superficie de 1550km², situé au nord-est du Maranho, comprend un ensemble de dunes et lagunes. Entre chaque creux on y trouve un lagon d’eau douce aux couleurs turquoises. Ceux-ci se forment à la saison des pluies de novembre à mai et c’est donc à la saison sèche de juin à septembre que s’opère la magie.
Autant vous dire que pour accéder à ce petit paradis ce n’a pas été chose facile, le 4X4 dans lequel on est monté a parcouru de nombreux kilomètres sur des routes ensablées et complètement défoncées par le passage incessant de ce genre de véhicules. Nous avons vite compris que le business touristique de ce parc est exclusivement géré par des sociétés locales puisque visiblement aucun autre moyen n’existe pour accéder à ces dunes. Même le bac avec lequel on traverse la rivière Préguiças semble bien artisanal, des bidons lui permette de flotter et une petite barque à moteur trafiqué sert à pousser le tout vers l’autre rive. On sourit un peu en observant la scène mais finalement ça fonctionne pas si mal.

Après avoir été secoués comme des pruniers pendant 45 minutes on arrive enfin au pied des dunes, encore un petit effort de la part de nos fessiers pour grimper et nous y voilà…
Un spectacle hors du commun associé à un sacré vent qui nous projette des grains de sable plein la tronche, entre nos dents, et dans les yeux. Eh oui, ça fait parti du package, on n’a rien sans rien 🙂 La foule s’empresse d’obtenir de beaux clichés photographiques tant qu’il n’y a pas encore trop de monde devant soi. On se dirige vers le lagon d’eau douce Bonita et on s’y baigne, c’est génial l’eau est très bonne et limpide. En fin d’après-midi nous accompagnons cette joyeuse petite foule pour un Sunset.
De retour à Barreirinhas, on débute une chasse à la bouffe ayant le meilleur rapport qualité/prix. C’est à chaque fois une petite chasse au trésor qui entre dans nos rituels journaliers. On s’améliore de jour en jour et bientôt on quittera le niveau « amateur »
On trouve dans un coin du centre ville, des dames avec plusieurs marmites devant elles. On s’approche, on ne capte rien à ce qui est écrit sur la pancarte mais on s’en fout, on choisit un plat et basta. La nana d’un air « qu’est-ce qu’ils foutent là ces touristos » nous ouvre les marmites et on voit de belles soupes mijotant sagement. Cool, on veut se faire un petit repas « healthy » car les Coxinhas (de joyeux beignets de poulets Brésiliens) ça va deux minutes, on ne souhaite pas finir obèse au bout d’un mois.
Ravi de notre trouvaille pour l’équivalent de 4€ on s’en va les déguster à l’auberge. En fait, les soupes sont consistantes, et on est plutôt bien nourris puisque des morceaux de viandes s’y trouvent, avec même un oeuf dur entier dans celle de Benji. Original, on se régale.
On se couche tôt car la nouvelle étape, direction Jericoacora, est pour demain. Oui oui, on bouge déjà d’ici.
De Barreirinhas à Jericoacoara
Le trajet est un véritable casse-tête… Les bus ne sont pas dispo en ligne, donc à chaque arrivée il faut réserver le suivant dans l’agence locale. Pour arriver à Jeri, il faut prendre 4 bus différents et un 4×4.
En premier lieu, on prend le bus CisneBranco de 11h depuis Barreirinhas, jusqu’à Tutoia, une ville sans grand intérêt touristique. Le billet est bon-marché, seulement 17R$ (4€). Le trajet dure 2 heures. On a ensuite 2 heures d’escale à Tutoia en attendant le prochain bus. On a la dalle, donc on part en quête de nourriture. Problème : Il n’y rien pour manger ici, à part des coxinhas… On s’enfonce donc un peu plus dans la ville par 32°C. Claire finit par repérer un petit resto avec 2 tables et une déco vraiment sommaire. L’endroit fait un peu flipper, mais le mec a l’air très sympa. On lui demande s’il sert des assiettes avec du poulet, il revient avec 2 énormes plats. Du poulet cuit dans son jus avec des oignons, du riz, des légumes frais et des haricots noirs. Plutôt bon, et bien consistant. La veille, on avait mangé quasiment le même plat pour 40R$ chacun. Ce midi, ça nous coûtera seulement 10R$ chacun (2€) !
On repart vers la gare routière pour attendre notre bus. A 15h, on prend donc un second bus, jusqu’à Parnaiba cette fois, avec la compagnie Roto do Mar pour 25R$ (5.5€)
Arrivés à Parnaiba, on fait la connaissance de 2 françaises et 1 brésilien, qui font le même trajet que nous, et qui dorment dans le même hostel. On part manger dans une churrascheria (un resto de barbecue) tous ensemble, avec un plutôt bon rapport qualité/prix, le Capitão do Espeto. Ca fait du bien de discuter avec des gens !
Après le resto, au lit ! Notre bus du lendemain est à 7h15, direction Camocim. Le bus, géré par Guanabara, nous coûtera 28R$ (6€) pour 2h de trajet. A Camocim, on a à nouveau 2 heures d’attente avant le prochain bus. Ca commence à faire beaucoup d’attente… A 11h30, on embarque enfin dans un bus Fretcar, pour 15R$ (3.5€), direction Jijoca de Jericoacoara (on se rapproche, on se rapproche)
2 heures plus tard, arrivée à Jijoca. On doit maintenant prendre un 4×4 pour atteindre Jeri. Une société unique gère les transferts, et le prix est fixe : 25R$ par personne (5.5€). Une fois le 4×4 rempli (2 personnes dans la cabine, 8 personnes dans la benne, aménagée pour l’occasion), c’est parti pour être à nouveau secoués comme des pruniers pendant 30 minutes. D’abord, sur une longue route pavée, puis sur du sable. Le paysage est magnifique, on traverse des dunes et des lagunes, jusqu’à arriver à destination. Enfin !
On vous met un petit résumé de tout ce trajet avec toutes les infos en fin d’article si jamais vous voulez tenter
Jericoacoara – Jour 1
Il est 15h, on rejoint notre hostel, chez Carol. On a un appartement pour nous tout seuls, ça fait vraiment du bien d’avoir un peu d’espace. Du coup on en profite direct pour s’étaler 🙂 Nos hôtes sont super sympas, on discute un bon moment avec eux. Ezequiel nous fait savoir qu’il y a une « beach party » ce soir à 22h30. C’est l’occasion rêvée de faire la fête, pour la première fois depuis notre départ. On file ensuite prendre un bon repas (on n’a pas mangé depuis le petit-dej à 6h…)
Le ventre plein, on file sur la plage pour mettre les pieds dans l’eau, et on marche en direction de la fameuse dune, d’où tous les touristes vont voir le coucher de Soleil. Un vrai beau coucher de Soleil au-dessus de l’océan Atlantique. Par contre, le vent était de la partie, et le sable nous fouettait inlassablement les mollets pendant le spectacle
On rentre se doucher, puis on rejoint Surya, une des 2 françaises rencontrées dans le bus, pour prendre l’apéro dans son hostel avant d’aller faire la fête. Par chance, l’hostel servait aussi des pizzas à volonté pour 20R$ (4.5€). Benji s’est encore pété le bide, pendant que Claire sirotait une caipi
22h30, on se dirige vers la plage, où nous attendent des dizaines de bars ambulants et un DJ. On se commande une bonne caipi, et c’est parti ! Ca fait du bien de se lâcher un peu. On va ensuite se coucher, crevés mais heureux
Jeri – Jour 2
Le réveil est un peu plus tardif que d’habitude… On se lève à 9h30 pour aller prendre le petit-dej. Notre 4×4 de départ est prévu dans la soirée à 22h30, on demande donc à nos hôtes si on peut laisser nos gros sacs pour la journée. Bonne surprise, ils nous disent qu’ils n’ont personne après nous, et qu’on peut même continuer à squatter l’appart jusqu’à notre départ.
Après ça, on part en direction de la Pedra Furada, une gros rocher en bord de mer, avec un trou au milieu. On décide de faire le chemin à pied, et on était bien les seuls… Les autres touristes préfèrent prendre des calèches, usant de pauvres chevaux pas bien gros. Ca monte un peu, c’est du sable, et il fait chaud. Donc on prend notre temps pour ne pas cramer toute notre énergie. Le paysage vu d’en haut vaut le détour. Une eau claire, un ciel azur, et de grands cactus
Arrivés sur la plage, on voit le fameux rocher, et… Une queue de 40 personnes qui attendaient sagement pour faire LA photo devant le trou. Hors de question qu’on attende pour ça. Du coup on prend une photo vite fait entre 2 passages, sans nous dessus.

On remonte ensuite pour longer la côte, et ainsi rejoindre les 2 plages de Jeri, qu’on nous a vendues comme étant magnifiques. Mouai… Bof… Sur la première, du sable grossier avec plein de coquillages, et de la roche au niveau du bord de l’eau. Sur la seconde, des transats par centaines, du sable gris humide et des algues. On a vu mieux.

On retrouve Surya pour manger un bon sandwich et un Açai, et on part se poser un peu à la plage pour bronzer, avant d’aller squatter la piscine de l’hostel de Surya, en écoutant ses histoires farfelues.
On rentre prendre une douche avant de rendre l’appart, puis on retrouve une dernière fois Surya pour manger devant un petit stand ambulant de viande marinée.
A 22h30, on prend le 4×4 qui nous ramènera à Jijoca (affrété par Fretcar), et à minuit, un bus de nuit pour Fortaleza, le tout pour 78R$ (17€)
Résumé du trajet de São Luis à Fortaleza en bus
En bus, il faut compter 2 jours de transfert entre Barreirinhas et Jericoacoara, on ne peut pas y échapper. Il faudra donc passer une nuit à Parnaiba entre temps.
- São Luis -> Barreirinhas : bus Guanabara à 7h30, billet en agence uniquement, 57R$ (12€). Arrivée à 12h
- Barreirinhas -> Tutoia : bus CisneBranco à 11h, billet en agence uniquement, 17R$ (4€). Arrivée à 13h
- Tutoia -> Parnaiba : bus Roto do Mar à 15h, billet en agence uniquement, 25R$ (5.5€). Arrivée à 17h
- Parnaiba -> Camocim : bus Guanabara à 7h15, billet en agence uniquement, 28R$ (6€). Arrivée à 9h30
- Camocim -> Jijoca : bus Fretcar à 11h30, billet en agence uniquement, 15R$ (3.5€). Arrivée à 13h30
- Jijoca -> Jericoacoara : 4×4 au terminal Rodovario, en continu toute la journée, à prendre sur place uniquement (cash), 25R$ (5.5€). Durée 30 à 45 minutes
- Jericoacoara -> Fortaleza : il est possible de prendre un pack en arrivant à Jijoca (agence Fretcar), qui rassemble le 4×4 de Jeri à Jijoca et le bus. Nous avons pris le 4×4 à 22h30 à Jeri, puis le bus Fretcar à 0h10, pour 78R$ (17€). Arrivée à 5h au terminal Rodovario