Lac Titicaca

Après 9h de bus interminables depuis Cusco (au lieu des 6 prévues…) on arrive à Puno vers minuit. Obligés de prendre un taxi pour rejoindre l’hospedaje. La propriétaire mettra un peu de temps avant de nous ouvrir. Il faut dire que ce n’est pas vraiment une heure adaptée pour un check-in…
N’ayant rien mangé du trajet nous optons pour un dîner à 00h30 composé de pop-corn et de cookies. Je crois qu’on avait besoin de sucre à ce moment précis…

Le lendemain matin, une fois un super petit-déjeuner dans le ventre nous décidons d’aller voir sur le port si un bateau veut bien nous amener sur les îles du lac Titicaca. Nous refusons les tours d’agences. Encore une fois nous voulons le faire par nous-mêmes et ne pas se retrouver au milieu des touristes.

On comprend très vite qu’il est trop tard pour un bateau, il y a un seul et unique départ à 8h20 tous les jours (il est 11h), donc on décide de prendre un collectivo pour 7S/pers non loin du port direction Llachon. Il paraît que là bas c’est plus authentique. On se retrouve au milieu de locaux et deux autres français bien fatigués de leur voyage de nuit depuis Cusco qui décident comme nous d’aller à Llachon.

Les bergers de Llachon

Arrivés là-bas, on n’a aucun plan, contrairement aux deux autres français qui ont griffonné sur leur main une adresse. De notre côté on se dit que pour une fois on y va à l’arrache et on verra bien.
On se dirige vers 2 auberges qui nous annoncent un prix faramineux de 50S/pers pour le dîner, le lit et le petit-déjeuner. C’est clairement du vol à ce prix , on décide de passer notre chemin (en vrai c’est que 14€, mais pour ce coin, c’est cher).
Le village est minuscule : une place, 3 ruelles et basta… Après se sont plein de petites maisonnettes d’agriculteurs un peu partout.
On se sent vite perdu, en plus la moindre côte coûte à notre souffle puisqu’on est à quasi 4000 mètres d’altitude. Mais on doit avouer une chose, la vue est dingue, ce lac Titicaca immense et les îles Amantani et Taquile bien visibles d’où on est.

Llachon

On se dit que c’est le moment d’y aller au culot et demander aux habitants un lit chez eux. On commence par le petit commercant du coin, qui comprend à peine ce qu’on lui demande, nous montre un numéro écrit au crayon sur le mur de sa boutique… On abandonne vite, on perd plus de temps qu’autre chose.

Deuxième tentative auprès d’une vielle dame assise dans un champ. Je lui demande où je peux trouver un lit ce soir. Celle-ci semble tout à fait nous comprendre… Mais pas nous. Elle nous parle sûrement en Quechua, car je ne perçois aucun mot d’espagnol. De plus, elle me fait penser à une petite mamie démente… Sûrement l’Alzheimer de haute altitude. Elle baragouine, agite ses bras dans un sens puis dans l’autre. Encore une fois on abandonne, mais on s’est bien marré.

J’admets qu’à cet instant je me sens plus que perdue. Ça fait pas longtemps qu’on cherche mais je sens déjà que ça va être compliqué…

Troisième tentative, un homme accompagné de deux ânes, qu’on arrête sur son chemin. Il comprend vite qu’on trouve ça exagéré le prix des chambres dans les habitations voisines. Nous négocions un moment avec lui et lui avec sa femme et ses enfants.
Nous tombons d’accord sur le prix de 50 Soles pour nous deux, avec un dîner, un lit et un petit déjeuner (moitié prix par rapport aux auberges).

Nous voilà tout excités de notre trouvaille, surtout rassurés de ne pas finir dehors. On sort de notre zone de confort et on a osé demander un lit chez l’habitant. Grosse performance pour nous deux. On suit donc toute la petite famille. Le père de famille nous demande de suivre Jovana (la mère), elle nous mène en contrebas, vers le lac. Le chemin n’est pas facile mais la finalité est magnifique. La maison se situe face au lac, et plus bas se trouvent une petite plage et des champs.

Je ne pensais pas tomber sur cet endroit si magnifique. Jovana nous prépare notre chambre. On a même le luxe d’avoir des toilettes pour nous tout seuls. Bon c’est spartiate, il va faire froid cette nuit mais c’est bien plus que ce qu’on espérait (et les 3 couvertures en alpaca devraient faire l’affaire).

On passera une petite heure à la plage, pour se reposer. Benji s’ennuie vite, pensez-vous, sans internet ni animation autour de lui ça devient compliqué. Je lui propose bien de lire sur ma Kindle mais c’est sans espoir, l’amour des livres et lui ça fait deux.

Il tentera de me motiver pour nous promener plus en hauteur, sauf que je suis épuisée et j’ai encore les mollets sacrément douloureux depuis le Machu Picchu.
On finit par trouver un compromis, rejoindre notre chambre et regarder un film préalablement téléchargé. Ce qui nous occupera jusqu’au dîner.

À 19h il fait nuit noire, on rejoint Jovana qui cuisine dans la pièce à côté. C’est très spartiate, trois marmites, un feu de camping et une bouilloire. On lui demande si elle veut de l’aide mais visiblement elle a déjà tout bouclé.

Giovana, notre cuisinière du soir

On essaie de faire la conversation et d’en apprendre un peu plus sur elle. Tout d’abord elle a 33 ans (gros choc pour Benji et moi-même… Pour nous c’est vrai c’est la mama) sauf qu’à son âge elle a déjà 4 enfants, l’aîné semble avoir entre 16 et 17 ans et le petit dernier (très curieux de notre présence d’ailleurs) a 3 ans. Elle semble aussi gênée que nous. On ne sait pas trop où se mettre, on lui explique que c’est la première fois que nous demandons un lit chez l’habitant. Elle nous dit qu’elle aussi n’a pas l’habitude puisqu’elle à juste reçu un couple l’année dernière, mais que les touristes ont plutôt l’habitude d’aller à l’hôtel juste derrière sa maison plutôt que chez l’habitant.

Elle nous prépare un dîner bien consistant, une soupe de quinoa (en vrai j’étais déjà callée) mais impossible de refuser le plat, je ne voudrais pas l’offenser, alors je me booste pour manger un grand plat de patates/riz blanc accompagné d’un délicieux thé avec une herbe aromatique très parfumée, la Muña. Le repas est top, on est juste un peu déçu de voir que les enfants de Jovana resteront à l’étage pour manger. On est donc tous les deux avec Jovana et le petit dernier qui, trop curieux de notre présence ou inquiet de l’absence de sa mère, se joindra à nous.

On réalise à quel point avoir un frigo c’est du luxe. Ici pas de produit frais et on comprend mieux pourquoi tous ces féculents. En plus pour travailler dans les champs il faut bien des sucres lents.
Après ça on décide de vite se coucher (il est 20h30) après un petit épisode de « Notre planète ». On dormira comme des bébés.

Le lendemain matin réveil aux aurores. 6h30 pour le petit déjeuner. Jovana nous a préparé de bons pancakes et du pain avec de la confiture. Autant dire qu’on se régale. Elle nous conseille de prendre le colectivo de la veille pour rejoindre le village de Capachica (3S/pers) , se rendre sur la plage de Chifron, et de là on trouvera le bateau local qui fait la navette pour l’île Amantani (10S/pers). C’est ce qu’on fait. Très vite le capitaine du bateau nous suggère de dormir chez l’habitant une fois sur Amantani. Il nous dit que cela ferait 40 Soles/pers avec dîner, lit et petit-déjeuner. Cependant nous voulons négocier directement avec la famille, on imagine bien que chaque intermédiaire se prend une petite commission. On aimerait avoir un prix de 25 Soles/pers comme la veille… On y croit.
Finalement on obtiendra 40 Soles/pers chez Serafin et toute sa famille.

Les bonnes tronches à 6h du mat’

L’après-midi nous allons voir les miradors sur les collines Pachamama et Pachatata, à un peu plus de 4100m d’altitude. Nous voulons voir le coucher de soleil là-bas. Seulement le temps est long, il n’y a rien d’autre à faire sur cette île. C’est magnifique de là haut alors on s’y détendra plusieurs heures. Une fois le coucher de soleil passé (un peu gâché par les nuages au loin), nous redescendons au village dans notre famille. Nous mangeons une bonne soupe et une fois de plus un plat de patates et riz.

Le lendemain matin aux aurores, 6h, le petit-déjeuner de pancakes. Serafin nous accompagne au port dans l’espoir d’embarquer dans un bateau en direction de Taquile (une île voisine) mais en vain. on est dimanche et le seul bateau qui s’y rend est entièrement privatisé et le groupe refuse qu’on squatte.

Nous repartons donc vers Chifron, comme à l’aller, puis prenons un colectivo de Capachica à Puno, sonnant ainsi la fin de notre voyage au Pérou.

Claire

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